Trésor d'archéo : des armes pour défendre La Jarrie
Une récente opération de diagnostic archéologique a permis la découverte d'une hache d'armes et de deux carreaux d'arbalètes, des armes utilisées au Moyen Âge.
L'objet archéo du mois
Hache d’armes et carreaux d’arbalète (à tour)
Date et lieu de la découverte
Découverte réalisée dans les décombres d’une place forte abandonnée à la fin du Moyen Âge lors d’un diagnostic archéologique ayant eu lieu en 2022 sur la commune de La Jarrie.
Datation de l’objet
Fin XIVe – début XVe s.
la place forte a t-elle été exhumée ?
Une récente opération de diagnostic archéologique s’est tenue sur la Place de la Mairie à La Jarrie. L’orientation des rues de la commune, ainsi que les plans anciens de Claude Masse (début du XVIIIe siècle), témoignent d’une organisation concentrique de la ville autour d’une place défensive relativement importante, aujourd’hui disparue. L’emplacement de l’opération laissait espérer aux archéologues –et aux Jarriens !- l’exhumation de la place forte que Jeanne de Surgères demande de détruire en 1366 dans une missive adressée à son suzerain Edouard de Woodstock, prince d’Aquitaine et fils du roi d’Angleterre Edouard III. La dame de Surgères voit d’un très mauvais œil le pouvoir émergent de cette place forte initialement bâtie sous la bénédiction de Surgères pour défendre ses positions et administrer ses biens lors de conflits ayant secoué les terres aquitaines au XIIIe siècle.
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des découvertes ensevelies dans les dernières heures du Moyen Âge
On peut supposer, au regard des indices retrouvés dans le sol lors du diagnostic, que le vaste fossé d’enceinte et des caves associées à la place forte ont bien été ensevelies dans les dernières heures du Moyen Âge. Quant à la forteresse, aucune trace n’en a été retrouvée lors de cette opération archéologique. Mais il est possible qu’elle était située à un autre emplacement, ou bien qu’elle ait été intégralement démantelée, servant ainsi de carrière à ciel ouvert pour les besoins en pierres des édifices environnants.
Si les archéologues n’ont pas retrouvé la forteresse attendue, le mobilier recueilli dans les sols de la Place de Mairie est bien évocateur du statut défensif de ce lieu. Parmi un lot d’objets en fer probablement jetés ensembles dans les décombres de la place forte abandonnée, plusieurs artéfacts ont retenu l’attention. Aux côtés d’une anse de seau, d’une paire de ciseaux et de quelques éléments de quincaillerie, figurent deux carreaux d’arme de siège (arbalète à tour) et une possible hache d’armes.
À quoi servait la hache d'armes ?
Ces vestiges témoignent du passage ou de la position de garnisons en armes prêtes à défendre La Jarrie en cas d’attaque. La hache d’armes était constituée d’une tête de hache fichée au bout d’une lance et permettait au guerrier qui la manipulait de détériorer les armures de plus en plus sophistiquées des soldats de la fin de Moyen Âge. Souvent, elle était surmontée d’une pointe, en bout d’arme pour pouvoir frapper « d’estoc » et donc transpercer les armures de plates. Ce n’est pas le cas de la hache d’arme jarrienne qui évoque peut-être plutôt une voulge. Si les haches de guerre sont connues depuis des temps immémoriaux, la hache d’arme et sa démocratisation sur les champs de bataille européens remonte au XIIIe-XIVe siècle. Leurs formes diffèrent selon les lieux et les périodes et une étude par un spécialiste de l’exemplaire retrouvé à La Jarrie nous permettra peut-être de préciser où, quand et donc à quelle faction appartenait l’arme. Les carreaux quant à eux étaient certainement utilisés dans un but défensif, sur des arbalètes à tours et permettaient de transpercer les lignes ennemies sur de grandes distances et avec précision.
et aussi...
Notons qu’un étrier de très petite taille accompagnait ce lot d’objets. Appartenait-il aux pièces d’harnachement d’un cheval dédié à l’éducation d’un jeune cavalier ?