Dévasement du fleuve Charente

Chantier unique en France, les travaux de dévasement visent en priorité à réduire les inondations du fleuve Charente entre Rochefort et Saintes. Véritable défi technique respectueux de l'environnement, un système ingénieux permettra d'utiliser les vases extraites de la Charente pour valoriser les terres agricoles.

Le Département, propriétaire et gestionnaire du fleuve Charente a lancé un vaste chantier de dévasement.  Il s'agit d'extraire les sédiments accumulés au fond de la Charente grâce à la drague aspiratrice stationnaire papillonnante la "Grande Mulette". Cette drague dispose d’un bras muni d’une fraise qui désagrège la vase. La vase est ensuite aspirée et mélangée avec l’eau par une pompe puis refoulée dans une canalisation flottante.

Dévasement du fleuve Charente - © Chambre d'agriculture 17
© RC2C

Les objectifs du dévasement de la Charente

Les principaux objectifs du dragage du fleuve Charente dans le secteur de Saint-Savinien sont :

  • De réduire l’impact des inondations,
  • stopper l’envasement qui progresse vers l’amont et qui menace de nouveaux habitats,
  • sauvegarder et restaurer les habitats et espèces aquatiques du fleuve,
  • préserver les prélèvements des eaux destinées à la production d’eau potable.

Les travaux de dragage

Le Service Dragage du Département interviendra annuellement dans le cadre du dévasement de la Charente. 5 campagnes de dragage sont prévues :
- entre Saint-Savinien et Port d'Envaux (partie en amont)
- entre l'A837 et Saint-Savinien (partie en aval)

Début août 2019 > fin octobre 2019 : construction des lagunes de décantation constituées de 3 bassins :

  • 2 bassins de décantation : ils réceptionnent la mixture issue de la drague la Grande Mulette,
  • un clarificateur : il réceptionne les eaux décantées issues des bassins n°1 et n°2 et permet de rejeter vers la Charente des eaux totalement dépourvues de sédiments. Un système d’analyses en continu permet de s’assurer de la qualité des eaux avant le rejet dans le milieu naturel,
  • un système de canalisations de refoulement de la mixture « poussée » par la drague.

Janvier 2020 > mars 2020 : 1ère campagne de dragage.
Le volume extrait lors de cette campagne de dragage a été d’environ 8 000 m3 de sédiments, au lieu des 100 000 m3 pour une campagne classique. En effet, une forte pluviométrie durant cette période, plusieurs crues et la crise sanitaire liée à la Covid-19 ont contraint de stopper le chantier.
Des premiers exports de sédiments pour valorisation des terres agricoles ont été effectués en août 2020.

Septembre 2020 > janvier 2021 : 2e campagne de dragage.
Cette deuxième campagne a permis d'extraire environ 50 000 m3 de sédiments.
Le démarrage mi-septembre a permis de profiter des meilleures conditions hydrologiques du fleuve avant les débits du fleuve importants début janvier et la crue de février.

Septembre 2021 > février 2022 : 3e campagne de dragage.
Cette troisième campagne a permis d'extraire environ 95 000 m3 de sédiments.
Les conditions hydrologiques du fleuve ont été particulièrement favorables pour un dragage efficace.
En août 2021, 14 000 m3 de sédiments ont été valorisés sur des terres agricoles

Septembre 2022 > mars 2023 : 4e campagne de dragage.
Comme l’an passé, cette campagne a permis d'extraire environ 95 000 m3 de sédiments : 70 000 m3 en amont du barrage de Saint-Savinien et 25 000 m3 en aval du barrage.
Les conditions hydrologiques du fleuve ont été particulièrement favorables pour un dragage efficace.
En juillet et septembre 2022, 52 000 m3 de sédiments ont été valorisés sur environ 17 ha de terres agricoles aux alentours du site de décantation.

©Géofla
Les travaux dureront de 6 à 8 ans.

A quoi servent les sédiments  ?

Le dragage permet de « remplir » les lagunes de décantation par les sédiments qui seront constitués de 80 % d’eau. Naturellement le processus de décantation permet de séparer l'eau et les sédiments. L'eau est ensuite envoyée vers une lagune spécifique avant de rejoindre la Charente. Les sédiments sont brassés mécaniquement et stockés en andains (laissés sur le sol).
Lorsque les sédiments seront suffisamment secs, ils seront transportés vers des terres agricoles. Ils seront mélangés avec la terre permettant d’améliorer la structure physique des sols.

"Les bienfaits" des sédiments pour les terres agricoles

Des essais sur des terres de groies (sol caillouteux, calcaires, riches en matière organique) :
Il en ressort que l’apport de 15 cm de sédiments améliore les qualités physiques, c’est-à-dire un meilleur développement de la culture et une augmentation des rendements. En effet, la réserve en eau est plus importante. Les sédiments sont favorables et bénéfiques à la reconstitution du sol.

À terme, ce sont 600 000 m3 de sédiments qui seront retirés du fleuve. 200 ha de sols agricoles bénéficieront des sédiments permettant l’amélioration de leur structure physique,

L’opération de dévasement de la Charente a été mis en valeur à travers une dynamique technique, le projet VASC (Valorisation Agronomique des Sédiments de la Charente). Ce projet s’inscrit dans le cadre du Partenariat Européen pour l'Innovation pour la productivité et le développement durable de l'agriculture (PEI-AGRI).

© Dept17

sauvegarder et restaurer les habitats et espèces aquatiques du fleuve

La période autorisée pour le dragage est contrainte entre début septembre et fin mars afin de respecter les cycles biologiques des espèces aquatiques.  

La sauvegarde de la grande mulette, espèce de moule d'eau douce

Le Département poursuit son implication pour la sauvegarde de la grande mulette (Margaritifera auricularia) classée comme espèce en danger critique d’extinction selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Le projet de dévasement permet de restaurer la zone d’habitat naturel de la grande mulette qui, en raison de la vase, est actuellement impropre à sa survie. Les populations existantes pourront ainsi survivre et de nouvelles populations recoloniser le milieu.

© Dept17

Le financement

Un budget de 7M€ est prévu pour financer l'ensemble des travaux de l'opération.
Les principaux financeurs sont :

  • le Département, en tant que maitre d’ouvrage, propriétaire et gestionnaire du Fleuve, à hauteur de 48% ;
  • l’Etat, au titre de la prévention des inondations à travers la mobilisation des fonds dits « Barnier », à hauteur de 40% ;
  • les collectivités riveraines du fleuve, dans la limite de 12 % du montant. Leurs participations sont proportionnelles au coût des dommages évités.

 voir aussi

+ de vidéos sur le chantier de dévasement du Fleuve Charente : site internet  de la Chambre d'Agriculture de la Charente-Maritime.