Saintes : l’amphithéâtre romain livre ses secrets
À l’occasion des travaux menés sur l’amphithéâtre gallo-romain de Saintes, le Service d’archéologie départemental de la Charente-Maritime, en partenariat avec l’INRAP, a mis au jour des découvertes inédites.

Engagé par la Ville de Saintes dans le cadre du projet « Vallon des Arènes », le chantier de restauration de l’amphithéâtre – classé Monument Historique depuis 1840 – vise à préserver les vestiges tout en respectant l’architecture antique.
Redonner vie à un monument millénaire
Réalisée en plusieurs phases depuis 2022, l’opération a d’abord concerné la Porte des vivants, côté est, puis la Porte des morts, côté ouest, inaugurée ce 18 avril 2025. Ces interventions ont permis de consolider les voûtes, restaurer les parements, traiter la végétation invasive et sécuriser les accès.
Une troisième phase, optionnelle, est prévue pour assainir le site avec un système d’évacuation des eaux pluviales, indispensable pour préserver l’arène.
Le Département de la Charente-Maritime contribue au financement des travaux de restauration à hauteur de 523 208€.
Quand les pierres parlent
En parallèle du chantier, le Service d’archéologie départemental a mené plusieurs campagnes de fouilles avec l’INRAP, permettant d’explorer des zones jusque-là inaccessibles. Ces recherches ont révélé la richesse insoupçonnée du site.
Parmi les découvertes marquantes : des fragments de bois fossilisés, vestiges des coffrages utilisés pour ériger les voûtes au Ier siècle. Émouvants témoins du geste des bâtisseurs romains, ces éléments offrent un lien direct avec la construction originelle.
Les fouilles ont aussi mis au jour les fondations d’un pont gallo-romain, sous la Porte des morts, confirmant l’existence d’un ancien axe reliant Saintes à Bordeaux via la voie Agrippa. Autre révélation : la présence de banquettes en pierre, vestiges de zones de repos et d’échanges pour les spectateurs.
L’analyse fine des maçonneries a permis de reconstituer l’organisation du chantier antique et les méthodes des ouvriers – jusqu’à repérer leurs gestes, droitiers ou gauchers. On observe aussi une gestion rigoureuse de l’espace en fonction des classes sociales, avec une circulation différenciée selon le statut des spectateurs.
Enfin, les archéologues ont confirmé que l’amphithéâtre a connu des réaménagements jusqu’au IIIe siècle et a été réutilisé comme habitat au Bas Empire, avec traces de cloisons, étages et mobilier des XVIIe et XVIIIe siècles.
Un monument vivant, aujourd’hui réinterprété grâce au travail minutieux du Service d’archéologie départemental, qui renouvelle notre regard sur un site emblématique de la Saintonge antique.